Les cours Anglaises sont devenues un champ de bataille – et une source d’outils puissants – dans les litiges entre les hommes d’affaires influents et les politiciens du monde Post-Soviétique.
Article écrit par Andrew HIGGINS, Jane BRADLEY, Isobel KOSHIW et Franz WILD
Juin 18, 2021 à 02:00 ET
LONDRES : Olena TYSHCHENKO, une avocate basée en Grande Bretagne, était devant une perspective d’années d’emprisonnement dans une prison Russe surpeuplée, quand la possibilité de liberté est venue d’une source inattendue.
Un avocat Anglais, Chris HARDMAN, qui est l’un des associés de l’un des plus grands cabinets d’avocats au monde, le cabinet Hogan Lovells, est venu à Moscou en avion, pendant que son cabinet a préparé une offre alléchante : Mme TYSHCHENKO serait libérée à condition de fournir de l’information qui servirait le client de HARDMAN dans une série de litiges à Londres.
Le souci étant que Mme TYSHCHENKO est l’une des avocates de la partie adverse. Pour avoir sa liberté, elle devrait trahir son client. C’était une offre brutale. Cependant, la prison à Moscou a été tout aussi brutale et elle a accepté à contrecœur. Dans un interview, qu’elle a donné par la suite, elle a dit qu’il était « plus qu’anormal » que des avocats de la partie adverse à Londres avaient un rôle dans son destin en Russie.
« Ils sont très agressifs » elle a ajouté.
Une prison à Moscou. Une cour à Londres. La première fait partie du système juridique de la Russie et est largement considérée comme corrompue et subordonnée au Kremlin. La deuxième est le symbole du système juridique Anglais qui est respectée partout dans le monde. Malgré cela, la preuve obtenue par M. HARDMAN dans la prison à Moscou serait acceptée par le juge Anglais dans le litige en question.
Cet épisode est une vive illustration de la politique brutale des pays autoritaires comme la Russie et le Kazakhstan qui s’est répandue dans le système juridique Anglais, où les avocats et les enquêteurs privés à Londres prennent des honoraires pharaoniques pour s’engager dans des stratégies douteuses au service des pays étrangers.
L’enquête commune du New York Times et du Bureau of Investigative Journalism ( « Bureau du Journalisme d’enquête ») – dans laquelle des centaines de page de documents juridiques liés aux litiges, de documents divulgués, et plus de 80 interviews avec des sources proches des affaires, des experts et des témoins ont été analysé-et cette enquête a révélé comment les cours de Londres sont utilisées par les autocrates pour faire une guerre légale contre les personnes qui ont fuient leurs pays d’origines, car ils ne se trouvaient pas du bon côté en terme de politique ou d’argent.
Dans les quatre dernières années sur une période de six ans, les justiciables d’origine de la Russie et du Kazakhstan ont participé dans plus de litiges civils en Angleterre que n’importe quelle autre nationalité. Les gouvernements autoritaires ou des entités associées, font souvent face aux riches hommes d’affaires qui ont dû fuir leurs pays. Ni les gouvernements, ni les entités associées ne font pas preuve de compassion- mais dans les deux cas paient généreusement en termes d’honoraires.
Déposer des dossiers contentieux à Londres peut donner de la légitimité aux prétentions des gouvernements autocrates, où leurs propres systèmes juridiques sont tellement ternis que les décisions juridiques prises n’ont peu de poids au-delà des frontières de ces pays. De plus, l’Angleterre offre des avantages : les juges ont un grand pouvoir d’appréciation et peuvent examiner des preuves, mêmes obtenus par des services de sécurités corrompues ou dans les systèmes juridiques corrompus. Les agences privées de renseignements/d’enquête à Londres ne sont pas régulées, ni contrôlées et sont prêtes à utiliser des méthodes « borderline » pour des clients avec beaucoup d’argent.
A titre d’exemple, notre enquête a trouvé qu’un enquêteur privé qui travaillait avec le cabinet de M. HARDMAN, Hogan Lovells, a voyagé en France, afin de corrompre un témoin pour témoigner contre un ennemi du Président Russe, Vladimir V. POUTINE.
Mais le plus grand avantage c’est le fait que les avocats comme M. HARDMAN obtiennent au nom de leurs clients et contre leurs ennemis, ce qu’un juge appelle « une bombe atomique » légale – des ordonnances du juge qui gèlent les actifs de la partie adverse dans le monde entier. Ces ordonnances ressemblent aux ordonnances utilisées par le gouvernement des USA, à la seule différence qu’aux Etats-Unis ceci concerne les terroristes et les vendeurs d’armes, alors qu’ici c’est lié aux litiges civils.
Dans la plupart des cas cette opération reste secrète, avec beaucoup d’ordonnances rendus avant même que la cible soit au courant ou condamné dans un procès. Même les avocats spécialisés dans les dossiers d’ordonnances de ce genre, ne sont pas surs de la quantité d’ordonnances rendus. Mais le fait que les avocats, juges et enquêteurs privés Londoniens sont profondément engagés dans les batailles politiques sauvage du monde Post-Soviétiques est très alarmant.
« On nous demande au R.U, de juger les dynamiques politiques alors même que les cours Anglaises ne les comprennent pas entièrement » a dit Tom MAYNE, chercheur à l’Université d’Exeter, qui se spécialise dans l’approche des cours Anglaises vis-à-vis des cas de corruption liées au monde de l’ancien URSS. « Cette situation ressemble à un abus des cours Anglaises, parce qu’on renforce le statu quo des régimes de ces pays kleptocrates. »
Les législateurs en Grande Bretagne sont de plus en plus alarmés par l’influence Russe et ont détaillé dans un rapport parlementaire de l’année dernière que la grandissante industrie de professionnels Londoniens, dont avocats et enquêteurs privés sont « au service des besoins » de l’élite Russe.
« Comme l’a mis en évidence le Rapport sur la Russie, il y a une industrie dans notre capitale qui se développe afin de protéger les intérêts de l’élite corrompue » a dit Lisa NANDY, chef d’affaires étrangères au sein de la partie d’opposition du Labour Party (« Parti du Travail Anglais »)
« Les cours sont devenues dernièrement un champ de bataille où ils utilisent les institutions d’accès libre afin de protéger leurs bénéficies illicitement obtenus »
- HARDMAN et ces protégés au sein de Hogan Lovells ont été les leaders dans la représentation de clients de grande influence issues de l’ancien bloc Soviétique, et travaillent régulièrement avec la Diligence, une société de renseignement privée à Londres avec la réputation de surveillance par des méthodes agressives. Ces sociétés se sont réunies sur demande de la Deposit Insurance Agency de la Russie (« Agence d’assurance de dépots ») contre Sergei PUGACHOFF, personne proche de POUTINE et qui est désormais accusée de vol de plus d’un Milliards de Dollars de fonds d’une banque Russe, ce qu’il refute.
Un autre exemple d’une bataille légale sensationnelle émane du monde politique brutal et autocrate du Kazakhstan et concerne une banque détenue par l’état et un homme d’affaires en fuite, accusé de vols de milliards. Ce litige très médiatisé a commencé à Londres il y a 12 ans, avec énormément d’avocats des deux cotés et concerne Mukhtar ABLYAZOV, un ancien proche de l’élite kleptocrate du Kazakhstan qui dit qu’il est poursuivi par le procureur pour des raisons politiques.
Mme TYSHCHENKO a été l’une des avocats de la société associée à M. ABLYAZOV. Elle était en déplacement à Moscou en Aout 2013, mais a été détenu à un hôtel de luxe proche du Kremlin, mise en prison et accusée de la complicité de dissimulation des actifs de M. ABLYAZOV. Les autorités Russes ont donné leur feu vert à l’accord signé avec le client de M. HARDMAN qui l’a libéré. Elle a refusé d’avouer d’avoir fait du mal, mais son affidavit (déclaration sous serment écrite) par la suite fourni à M. HARDMAN est devenu une preuve dans un litige où le juge Anglais a ordonné le gel des actifs du beau-fils de M. ABLYAZOV
Dans un communiqué, le cabinet Hogan Lovells a nié les allégations concernant le fait d’avoir agi de façon malhonnête, et ont ajouté que M. ABLYAZOV et M. PUGACHOFF ont « commis les plus grandes fraudes que le monde n’a jamais vues » et a ajouté que « vu la réputation acquise par Londres comme le lieu d’un procès ouvert et équitable, ce n’est pas une surprise que c’est à Londres que ces prétentions sont testées et où le résultat donne confiance dans le monde entier »
Un Menu inhabituel
Pour comprendre l’étendue des actions de la Diligence, société de renseignements privés, afin d’obtenir des preuves dans ces litiges, il convient d’analyser l’exemple de Natalia Y. DOZORTSEVA, qui est une avocate Russe.
En 2017, à Nice, France, alors qu’elle est assise dans un hôtel, Mme DOZORTSEVA est rejointe au bar par Trefor T. WILLIAMS, le dirigeant de Diligence de Londres. Parlant pendant que jouait le piano à l’arrière fond, M. WILLIAMS entre quelques tentatives de flatteries et d’offres d’argent, a proposé à elle de trahir son client, M. PUGACHOFF, qui était l’ancien homme de confiance de POUTINE, et qui résidait en France pour éviter la prison suite à l’ordonnance de gel faite à Londres en 2014.
- WILLIAMS a proposé un menu d’options : or, argent, bronze. Chaque catégorie, représentant un niveau spécifique de coopération et de rémunération.
Lui dire tout ce qu’elle savait sur son client attribuerait à elle la catégorie de bronze. La catégorie d’argent nécessitera une déclaration sous serment. La catégorie or envisageait qu’elle témoigne devant la cour pendant les plaidoiries contre son client.
« Je veux toujours obtenir la catégorie or », M. WILLIAMS a dit. Il a dit à Mme DOZORTSEVA que l’information qu’elle possède permettront d’aider dans ce qu’il a décrit comme une « impasse » légale et a promis de lui fournir « une indépendance financière » et avec ces contacts à Moscou, la possibilité de voyager librement vers la Russie et depuis la Russie.
« Pour ça » M. WILLIAMS a dit, « nous voulons quelque chose, nous voulons une certaine coopération. »
Dans le monde compétitif de renseignements privés, la Diligence a construit une réputation d’une entité qui utilise des stratégies trompeuses et une surveillance intrusive pour obtenir des résultats, qui souvent seront utilisés dans les litiges, comme celui-ci, et ça pour le compte d’Hogan Lovells.
A la différence de pays Européens — et des Etats-Unis – la Grande Bretagne n’a pas de règlementation légale concernant les enquêteurs privés, même après l’affaire de piratage téléphonique en 2011 pour un journal tabloïde (affaire New of the World), qui est resté le scandale d’enquête privé le plus notoirement connu en histoire moderne. Les enquêteurs sont tenus de respecter la vie privée, et les lois et les procédures légales dans les juridictions locales, mais ces mêmes règles sont souvent moins contraignantes dans les litiges civils entre les parties privées.
The Times et le Bureau of Investigative Journalism ont appris que la Diligence a contacté Mme DOZORTSEVA après avoir écouté l’enregistrement que Mme DOZORTSEVA a faite en secret de la conversation qu’elle a eu avec M. WILLIAMS. En fin de compte, elle n’a jamais trahi M. PUGACHOFF, mais a dit à l’avance qu’un rendez-vous devait avoir lieu, et a enregistré ce rendez-vous.
Les avocats travaillant avec la Diligence ont admis que M. WILLIAMS avait un rendez-vous « d’exploration » avec Mme DOZORTSEVA mais ont dit « qu’il n’est pas illégal d’offrir des paiements aux témoins » et ont dit qu’aucun accord sur le paiement n’a pas été obtenu.
L’offre faite à Mme DOZORTSEVA aurait pu mal se terminer dans le cas d’une enquête pénale publique en Angleterre, mais rien ne l’interdit explicitement dans les litiges civils entre parties privées. En France, il est illégal d’offrir de l’argent à un témoin, mais seulement dans le cas où le but est de falsifier un témoignage. Certains experts considèrent qu’un paiement considérable pourrait aller dans le sens d’intention illégale, mais la Diligence réfute fortement cette position.
Les avocats ont réussi à profiter de ces lacunes légales, afin d’obtenir des preuves et des avantages stratégiques, tout en se distanciant des techniques utilisées par des sociétés comme la Diligence. Il serait, par exemple, contre la déontologie d’avocat de payer un témoin, sauf pour des dépenses « spécifiques et raisonnables », comme les frais de voyage, et le logement.
Le cabinet Hogan Lovells a refusé de répondre aux questions concernant leurs relations avec la Diligence et concernant les stratégies utilisées par cette société, dont l’offre faite à Mme DOZORTSEVA. Le cabinet d’avocat a précisé que l’utilisation des « agents de renseignement » n’a pas été critiqué par les cours Anglaises, et a dit que le cabinet attend toujours « que des firmes de ce sorte fonctionnent sans dépasser le cadre légal. »
Crée en 2000, la Diligence a pris sa structure « ADN » à Nick DAY, son ancien dirigeant, qui selon ces anciens collègues, aimé les opérations secrètes. Une histoire a éclaté en 2005, quand la société a assisté un conglomérat Russe dans un litige commercial avec des enjeux de plusieurs millions de dollars, aux Iles Vierges Britanniques.
- DAY était accusé d’avoir manipulé un comptable de la société KPMG afin d’obtenir des documents confidentiels. Il s’est fait passer pour un agent de renseignement Britannique, pendant qu’une Américaine travaillant pour sa société, s’est faite passer pour un agent de la C.I.A qui se présentait comme « Liz de Langley (Langley étant le QG de la CIA). »
Selon Bloomberg, quand KPMG a obtenu l’information anonymement concernant cette fraude, la Diligence a payé 1.7 Millions de Dollars à la société de comptabilité, afin de clôturer le litige de façon amiable.
- HARDMAN travaillait sur ce même cas avec la Diligence et a continué à fournir du travail à la société depuis cette même date. Le cabinet Hogan Lovells a payé près de 2.3 Millions de dollars et ça juste, pour le travail effectué courant 2012, comme le démontre les documents la moitié des revenus annuels du siège social Londonien pour l’année 2012 émanait des revenus versés par le cabinet.
Dans un communiqué, M. DAY a dit que lui et l’équivalent de la Diligence Suisse qu’il dirige désormais, ont refuté « toutes allégations d’illégalité. » M. DAY – qui n’a pas nié le fait de se faire passer pour un agent de renseignements Britannique pour obtenir des documents – a déclaré que la société a des protocoles stricts « afin d’assurer que les techniques utilisées sont légales, nécessaires et proportionnées. » Elle utilise « des techniques innovatrices et de dernière génération dans les enquêtes » pour obtenir l’information qui « serait admises par une cour et qui respecte toutes les règles d’admissibilités des preuves », il a ajouté.
Dans le cas de M. PUGACHOFF, le contact de la Diligence avec Mme DOZORTSEVA a été préparé par le majordome et chauffeur de M. PUGACHOFF, qui se positionne également comme un grand amateur du piano, et de Russophilie.
En contrepartie pour avoir espionné M. PUGACHOFF, et avoir copié certains documents, le majordome, Jim PERRICHON, dans un interview a avoué que la Diligence lui avait promis un paiement mensuel.
- PERRICHON a estimé qu’il a rempli ses obligations en organisant le rendez-vous dans l’hôtel avec Mme DOZORTSEVA. « J’ai réalisé que si on arrivait à recruter Natalia, on pouvait écraser PUGACHOFF », M. PERRICHON s’est rappelé.
Mais, M. PERRICHON, qui continuait à croire la Russie, a dit qu’il ne faisait plus confiance à la Diligence, qui a refusé de le payer intégralement. Dans un mail daté de Mars 2020, la société lui a proposé de payer en une seule fois « 36k » afin de régler amiablement leur situation, et ont promis d’accroitre ces paiements, s’il pouvait préparer une synthèse de tout ce qu’il savait sur M. PUGACHOFF, et pouvait témoigner en justice pendant les plaidoiries. Il a refusé cette offre.
La Diligence a admis le fait d’avoir payer M. PERRICHON pour obtenir de l’information sur M. PUGACHOFF, mais a précisé qu’elle ne l’a pas recruté en tant qu’informateur. La société a dit que c’est M. WILLIAMS qui a voulu rompre les relations avec M. PERRICHON, après que M. PERRICHON n’a pas fourni l’information promise. La société a réfuté le fait qu’elle lui devait de l’argent.
Une Arme Juridique
Comme un drone militaire, une ordonnance de gel mondial des actifs peut attaquer sa cible sans avertissements.
- PUGACHOFF, par exemple, a découvert que ces actifs ont été gelé quand un agent de la Diligence et un avocat du Hogan Lovells ont essayé de lui donner cette ordonnance en main propre dans une rue Londonienne. Après que M. PUGACHOFF a refusé de prendre ces papiers, l’avocat en question a déposé ces documents au domicile de M. PUGACHOFF.
L’Angleterre a introduit les ordonnances de gel des actifs en 1981, et vers 1998 le juge a considéré que cette ordonnance a une portée globale. C’était un temps propice. L’argent et les hommes d’affaires Russes et venant d’autres pays des états Post-Soviétiques ont saturé Londres, qui était prétendument un lieu de refuge paisible.
- ABLYAZOV a fui le Kazakhstan en 2009 après que l’état de l’Asie Centrale l’a accusé d’avoir détourné des milliards de la Banque BTA, dans laquelle il était le dirigeant. M. ABLYAZOV a réfuté d’avoir agi illégalement, et continue à dire qu’il était poursuivi par le gouvernement car il était une menace politique.
Un juge Anglais a déclaré que M. ABLYAZOV était une personne à qui on ne pouvait pas faire confiance, mais le Conseil d’Etat Français en 2016, a rejeté le pourvoi du gouvernement concernant son extradition aux motifs que le litige contre lui était « politiquement motivé. »
L’équipe juridique de M. HARDMAN ont obtenu l’ordonnance de gel des actifs contre M. ABLYAZOV en 2009 et a depuis bombardé les juges avec des nouveaux dossiers judiciaires, et a gagné des procès qui ont éventuellement élargi la portée de ces ordonnances et a élargi la liste de défendeurs aux associés et membres de sa famille.
Les procès civils ont finalement donné lieu en 2012 à une condamnation de M. ABLYAZOV à 22 mois de prison pour outrage à la cour (contempt of court), après qu’il a violé une ordonnance le demandant de divulguer ses actifs. Il a fui en France, et a obtenu le statut de réfugié.
Selon les experts, depuis cette date, les ordonnances de gel des actifs Anglaises, avec le respect qui est donné aux cours Anglaises et la place financière centrale de Londres, ont développé un pouvoir et une portée sans précédent.
Ces ordonnances sont applicables aux cibles individuelles avec des attaches mêmes marginales à la Grande Bretagne, et les cours ont jugé que ces ordonnances étaient également applicables aux sociétés associées, aux trusts, et aux associés qui se trouvent à n’importe quel endroit du monde.
« Une ordonnance de gel mondial des actifs est une mesure très draconienne » a dit Lloydette BAI-MARROW, ancien procureur de Britain’s Serious Fraud Office ( Bureau de lutte contre les fraudes graves en Grande Bretagne), et qui gère désormais une société de consulting dans le domaine de crimes en col blanc. « Il y a une tendance où ces ordonnances sont utilisées dans une façon potentiellement nuisible comme une arme contre les individus, et ceci devrait nous inquiéter. »
« On ne doit pas être des pions dans un jeu important. »
Le cabinet Hogan Lovells a indiqué que la loi Anglaise fait peser « un fardeau très lourd » sur la partie qui demande le gel des actifs, en l’obligeant à le faire de façon équitable/honnête. Le cabinet d’avocat a précisé que le défendeur avait le droit de contester immédiatement cette ordonnance à sa réception par ce dernier si elle était obtenue avec des preuves « illégales ou fausses », et que le demandeur devait dans ce cas là mettre en avant devant le juge tous les arguments pour contredire le défendeur.
Beaucoup d’avocats Anglais et de juges considèrent que les ordonnances de gel des actifs sont essentielles pour combattre les fraudeurs, et servent à la transparence des cours dans les litiges et des preuves qui émanent des pays dont les systèmes juridiques sont corrompus. Ils prétendent que l’analyse de toutes les preuves, peu importe leur origine ou comment elles sont parvenues à la cour permettent de faire une meilleure justice.
« La recevabilité de la preuve fait des courts du R.U un lieu plus attrayant pour ce type de litiges que les pays comme les Etats-Unis » a dit Pavel TOKAREV, ancien enquêteur de la Diligence qui est parti en 2019 pour faire sa propre société. « Les règles de recevabilité des preuves, sont très flexibles au R.U. »
La preuve obtenue en prison de la part de Mme TYSHCHENKO en est un bon exemple.
Pour obtenir cette preuve, M. HARDMAN travaillait avec Andrei A. PAVLOV, un avocat Russe missionné par la Banque BTA.
Les Etats-Unis et la Grande Bretagne par la suite, ont mis M. PAVLOV sur une liste noire pour son prétendu rôle dans un complot criminel qui s’est terminé par la mort en 2009 dans une prison de Moscou, d’un lanceur d’alerte, Sergei MAGNITSKY. Dans un interview à Moscou, M. PAVLOV a dit qu’il était injustement sali et qu’il n’a rien fait d’illégal. Il a dit qu’il était fier qu’il a travaillé avec M. HARDMAN, car cet avocat Londonien a une réputation d’avocat exceptionnel.
Le juge Anglais a dû faire face aux demandes qui disaient que le cabinet Hogan Lovells n’a pas informé la cour que la preuve obtenue de la part de Mme TYSHCHENKO était obtenue sous la contrainte, et le juge Anglais a considéré que le cabinet a suivi les règles d’admissibilité de la preuve même si la preuve au moment d’avoir divulgué l’information a été obtenu pendant sa détention. Cependant, on n’a pas demandé au juge d’analyser les circonstances de sa détention- dans une Prison Russe—ni le rôle de M. PAVLOV, ni les questions concernant le fait si Mme TYSCHENKO était maltraitée ou pas.
De plus, pendant que Mme TYSCHENKO était en prison, un autre avocat du cabinet Hogan Lovells a persuadé le juge Anglais de rendre une ordonnance obligeant son mari localisé en Grande Bretagne de fournir à la cour des documents et autre information utile aux procès de Hogan Lovells. En guise de preuve, le cabinet d’avocat a fourni des « enquêtes de presse» trouvées sur le site web compromat.ru, un site Russe notoirement connu comme un site d’information non vérifiée ou fabriquée de toute pièce.
Le cabinet Hogan Lovells a indiqué que la London High Court avait déjà eu l’occasion de rejeter les demandes de la partie adverse concernant le fait que la société « s’est comportée incorrectement » vis-à-vis de Mme TYSHCHENKO, et la cour a indiqué que le cabinet « agissait dans les règles » concernant les règles de l’admissibilité de la preuve. Le cabinet a précisé que dans le dossier lié à Mme TYSHCHENKO, l’information obtenue sur compromat.ru était « une petite fraction de l’ensemble des preuves fournies à la cour pour obtenir l’ordonnance du juge. »
Mme TYSHCHENKO était moins optimiste. « Il n’y a pas de bonnes personnes dans cette affaire » elle a dit.
Une Affaire Qui Ne Se Termine Pas
Même si les cabinets Londoniens se sont enrichis considérablement, en défendant des oligarques et les ex-pays Soviétiques, ces mêmes cabinets avaient moins de succès dans la récupération de fonds et d’actifs au nom de leurs clients. En novembre 2020, selon un récent affidavit du gérant actuel de la BTA Banque, la banque a récupéré seulement 45 Millions de Dollars sur les 6 Milliards de Dollars que selon eux, M. ABLYAZOV a volé.
Un compte rendu interne de la banque daté de 2014 a indiqué que 89% des 470 Millions de dollars dépensés partout dans le monde pour payer les frais d’avocats et autres « conseillers » ont été dépensé à Londres.
Les batailles juridiques émanant d’anciens pays Soviétiques sont souvent « très lucratives considérant les honoraires des avocats du R.U et des sociétés d’enquête, » a dit M. TOKAREV, ancien enquêteur de la Diligence. « Le R.U est un pays et gouvernement pragmatique, et ils n’ont aucun intérêt à chasser cet argent rentrant de leur pays. »
En effet, l’affaire BTA, entre autres, ne semble pas ralentir dans ces développements.
En Novembre dernier, par exemple, un juge Londonien a analysé la demande de la banque détenue par l’Etat pour le gel des actifs du milliardaire Kazakh, Bulat UTEMURATOV, qui est accusé devant la cour par un avocat Britannique mandaté par la BTA Banque comme étant le « responsable du blanchiment d’argent » au nom de M. ABLYAZOV. Le juge à qui on a présenté des preuves partiellement obtenues par les services du ministère de l’intérieur du Kazakhstan, a rendu une ordonnance de gel des actifs.
Le mois d’après, soudainement, le juge Londonien a retracté son ordonnance de gel des actifs, aux motifs que la banque a retiré sa demande car ils ont trouvé une solution amiable confidentielle avec M. UTEMURATOV, qui a continué à nier les allégations contre lui. Le cabinet d’avocat, Greenberg Traurig qui a fourni les preuves pour se litige a refusé de commenter sur la situation.
C’était encore une fois un rappel que les combats politiques du Kazakhstan ou d’autres pays autocrates, se terminent souvent à Londres.
Andrew Higgins dirige le département du journal situé en Varsovie et spécialisé dans les pays de l’Europe de l’Est et de l’Europe Centrale. Anciennement un journaliste et dirigeant du département de Times à Moscou, il a reçu en 2017 un prix Pulitzer pour son journalisme international, et son équipe a reçu le même prix en 1999 quand il était le dirigeant du Wall Street Journal à Moscou.
Jane Bradley est le journaliste enquêteur du R.U pour le journal The New York Times. Elle travaille sur Londres, et se spécialise dans la découverte des cas d’abus de pouvoirs, le crime financier, des cas de corruptions, et dans la justice sociale