* – © Dimitri Medvedev, 23 mai 2016, lors d’un déplacement en Crimée.
Je supposais bien sûr que le dépôt de la plainte de mon avocate Karina Moskalenko auprès de la Cour Européenne des droits de l’homme contre la « justice » russe provoquerait le chagrin habituel dans les cercles judiciaires, mais je ne pensais vraiment pas que cela se traduirait par des mesures d’intimidation et la prise en « otage » de mon ex-femme, avec laquelle je ne vis plus depuis déjà plus de dix ans.
Tout le monde est habitué aux actions parfaitement sans limites des organes judiciaires en Russie, mais ce qu’il s’est passé ce matin sort du cadre de l’anarchie habituelle.
Ce matin, à sept heures, l’enquêteur de la commission d’enquêtes, Kuzmenko Vladimir Alexandrovitch, accompagné d’un groupe de soutien composé d’environ quinze collaborateurs opérationnels du MVD et du FSB, entièrement équipés et armés, ont pour commencer essayer de casser la porte s’ouvrant sur un idyllique terrain forestier, où se trouve une petite maison en bois des années trente, et où vit seule mon ex-femme. Sans aucun prélude, sans présenter un seul document, tous ces gens, y compris des témoins préparés, se sont dépêchés de démarrer une perquisition, qui s’est surtout exprimé par des atteintes portées à cette propriété sans prétention.
Pour commencer, on lui a pris son téléphone. Heureusement, le vieux gardien, qui fait aussi l’objet d’une perquisition, mais à qui on n’a pas pris son téléphone, a pu appeler une de ses amies qui a, à son tour, contacté un avocat. Quelques heures plus tard, Alexandre Tasalov, membre de l’ordre des avocats de la ville de Moscou, est arrivé sur les lieux dans le but de rendre ses services pour défendre les droits civils de sa cliente.
Pendant longtemps, vérifiant son identité, on ne l’a pas laissé accéder à la propriété. A la suite de cela, après qu’il ait réussi à prouver son appartenance à la communauté des avocats, il a essayé de savoir sur quel fondement des gens armés se trouvaient dans la propriété. L’enquêteur Kuzmenko lui a montré une décision de perquisition rendue par le tribunal Basmany. La seule chose que l’avocat a eu le temps de voir, c’est que le fondement de la perquisition était une tentative de trouver le suspect Pugachev Sergei Victorovitch.
L’enquêteur se comportait de façon nerveuse et agressive. On a interrogé le gardien sur le thème de qui a appelé l’avocat. Toutes les demandes procédurales de l’avocat ont essuyé un refus, y compris sa requête en vue de connaître et de copier la décision du tribunal sur la conduite de cette perquisition.
A la suite de cela, l’avocat a essayé d’expliquer à l’enquêteur en quoi les droits de sa cliente, et les siens en tant qu’avocat, étaient bafoués. Ce fut la dernière goutte qui a fait déborder la coupe de patience du jeune enquêteur. Il a demandé à un agent d’expliquer de façon brève et claire ses droits à l’avocat. A la suite de quoi l’avocat a été frappé, on lui a tordu les bras et jeté hors de la propriété. La seule chose qui est ensuite sortie de la bouche de cet enquêteur furieux a été « il faut moins se plaindre auprès de Strasbourg ».
Au moment où j’écris ce post, on continue de me chercher dans la maison de mon ex-femme. Au bout de huit heures où l’on me recherchait dans la maison de mon ex-femme, l’enquêteur a commencé à développer un syndrome de Stockholm. Il répète comme un mantra qu’il est sans importance, et que Vous devez comprendre que tout est fait sur ordre du commandant en chef. Que veut-il dire par commandant en chef est une énigme.
S’il s’agit du vrai commandant en chef des forces armes russes, Vladimir Poutine, alors, je souhaite dire qu’il connait très bien mon ex-femme. A l’époque, elle était très proche de l’ex première dame. Tenant compte du fait que Vladimir Poutine a publiquement déclaré au cours d’une conférence de presse que sa tâche principale par rapport à son ex-femme était de lui trouver un nouveau mari ; ce qu’il se passe me fait penser que la tâche principale qu’il s’est fixé par rapport à mon ex-femme est de lui faire avoir une crise cardiaque. Fut un temps, ou Poutine lui-même et son épouse, lui souhaitaient pour son anniversaire une bonne santé et tout le meilleur. Comme, d’ailleurs, beaucoup d’autres haut-fonctionnaires de l’état qui faisaient la queue, comme dans un film indien, pour l’embrasser sur les deux joues en lui souhaitant tout le meilleur. Il semblerait que « tout le meilleur » veut littéralement dire quinze OMON armés jusqu’aux dents.
J’aurai vraiment aimé que leurs souhaits ne se réalisent pas.
Anniversaire de mon ex-femme Galina Pugacheva. (2005):
De gauche à droite : l’archimandrite Tikhon Shevkunov, Igor Setchine, Nikolai Patrushev, Vladimir Ustinov, Victor Ivanov et leurs épouses.
Au culte saint avec Ludmila Putine en compagnie de Victor Zolotov ( à droite) :