L’interview de Sergei Pugachev sur Radio Svoboda
R : « Réponse »
Q : « Question »
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R : C’est Vladimir Poutine et personne d’autre, personne d’autre dans ce pays qui est, je dirais comme cela « bénéficiaire » de cette situation, de l’expropriation de mes actifs en Russie et mon départ de la Fédération de Russie. Tous les pourparlers, tous les ordres, tous les papiers, les réunions, les conseils des ministres, etc., ont été menés personnellement par Poutine, il s’en est entretenu personnellement avec moi, il a parlé des prix, de plus, il était à l’initiative du fait que j’ai vendu mes actifs, parce que je suis citoyen étranger. Bien sûr, Vladimir Poutine est au courant de toute la situation, on s’est rencontré, même après que j’ai cessé de venir en Russie, d’une manière ou d’une autre, de façon périodique, on se parle, on a des connaissances communes, il y a des échanges de lettres, je lui transmets aussi des lettres de façon formelle. Il est évidemment au courant, je ne sais pas pourquoi une telle question a été posée, mais la question posée à Peskov est absolument juste, et il est évident que Poutine est au courant.
Q : Vous considérez donc que derrière toutes ces persécutions se tient Vladimir Poutine
R : A part avec Vladimir Poutine, je n’ai eu de pourparlers avec personne, sur aucun de ces sujets. Vladimir Poutine m’a fait une « proposition » qu’il était impossible de refuser, à savoir quitter le pays et vendre tout ce que j’avais, et même si, bien sûr, la moitié du gouvernement de la Fédération de Russie était impliqué, rien ne se faisait sans l’ordre de Poutine, et l’ordre de ne pas me payer vient bien sûr de Poutine et de personne d’autre, comme vous le comprenez, même pas de Setchine.
Q : Cette proposition de partir, de vendre, elle était inscrite sur le papier, ou tout était discuté oralement ?
R : C’était fixé sur le papier, avec sa signature, cela a été fait en ma présence, il y a eu plusieurs rencontres, etc., etc., il m’a demandé d’écrire des documents, des lettres, des requêtes officielles, il a signé, donné des ordres, ainsi de suite, ensuite cela a grossi, le FSB, la Prokuratura, le Comité d’enquête s’en sont mêlés, j’ai les protocoles…
Q : Comment vous expliquez ce retournement de Vladimir Poutine alors que vous l’avez souvent dit, vous étiez proches, vous étiez même un des responsables de sa campagne présidentielle , que s’est-il passé pour que vous suscitiez en lui un tel rejet ?
R : Quand il est venu travailler de Saint-Petersbourg à la direction des affaires présidentielles, nous avons travaillé ensemble sur le patrimoine russe se trouvant à l’étranger, nous discutions tous les jours. Il s’avère également que quand il est devenu directeur du FSB, nos datchas étaient situées près l’une de l’autre, nous discutions, de plus, nos enfants ont le même âge, donc, du fait de la situation, nous sommes devenus proches, nos femmes également. Je n’irai pas jusqu’à dire que nous étions amis, il m’était indifférent, Vladimir Poutine est quelqu’un de plutôt renfermé. Pourquoi les choses se sont passées ainsi, j’ai du mal à le dire.
Q : Vous avez remarqué que le commentaire de Peskov a eu le lieu le jour où devait être rendu la première décision intermédiaire dans la procédure internationale de votre arbitrage contre la Russie, qui avait été annoncée pour le 2 mars 2017. Les témoins des deux parties devront être entendus, qui est-ce que vous appelez en qualité de témoin ?
R : Je dirai que c’est le point le plus important, les témoins. Cette liste est assez impressionnante, et, n’est pas encore définitive ; elle sera plus longue que cela. Il s’agit de personnalités comme Dmitri Medvedeev, Igor Setchine, Kudrine, Igniatev, Kojine, Kozak, Alexey Ulioukaviev qui est actuellement assigné à domicile, il a rempli l’ordre personnel de Vladimir Poutine, il s’occupait activement de cela, même si bien sûr, lui voulait payer, mais il n’y est pas arrivé.
Q : Poutine est dans cette liste ?
R: Poutine est sur cette liste mais, pour le moment, il bénéficie de l’immunité présidentielle, et on ne peut pas l’inviter à être témoin dans une procédure ; il ne participera donc surement pas.
Q : Le Procureur général a envoyé une demande officielle à la France pour vous extrader en Russie, est-ce que cette demande va être examinée par la France ?
R : Non, il n’existe pas de procédure, il est impossible d’extrader un citoyen Français.
Q : Est-ce que vos actifs en France sont gelés du fait de la décision du juge anglais ?
R : Bien sûr que non. Le fait est que le tribunaux anglais sont dans la juridiction anglaise, et leurs décisions ne peuvent donc pas s’appliquer dans une autre juridiction.
Q : En février de l’année dernière, la Haute Cour de Justice à Londres vous a condamné à deux ans de prison pour non respect envers la Cour et pour avoir vendu des actifs. Est-ce que cette décision des tribunaux anglais influence votre vie en France ?
R : Non, il s’agissait d’une infraction administrative, qui s’avère être sanctionnée par une peine d’emprisonnement, parce que j’ai quitté l’Angleterre alors que j’avais une décision qui ne me l’autorisait pas, ce qui est d’ailleurs absurde car il n’y avait pas d’action au fond contre moi en Angleterre
Q : Quelles sont vos prochaines échéances dans votre action contre l’Agence de l’Assurance des Dépots ?
Depuis le 07 juin 2016, l’Agence de l’Assurance des Dépôts ne représente personne, il n’ont aucune autorité depuis le 07 juin 2016, donc, je n’ai aucune action contre eux.
Source: Radio Svoboda